En présentiel et sur Zoom, de nombreuses personnalités ont partagé leurs expériences et des pistes pour prévenir la migration forcée.
Mercredi 25.05.2022, 17h30 - 20h30
Église Saint-Paul, Crêt des Fleurs 24, 2503 Bienne
Au son du Jembé et du chant de Koffi Owoussi, la salle de rencontre de l’Église Saint-Paul de Bienne s’est remplie d’une quarantaine de participants d’origines variées et de tous âges. Chantal Chételat Komagata, Coordinatrice UPF Europe, a tout d’abord remercié les responsables des organisations (Naïma Serroukh pour Tasamouh, Armando Okito pour le CAM, Collectif des associations de migrants, Issa Abdullahi pour le Swiss Africa Forum, Mélanie Komagata pour IAYSP, Youth and Students for Peace, Younes Othmani pour l’Aftag et Francine Bielawski pour les Jeunes pour les Droits de l’Homme) qui ont contribué à organiser et commémorer ensemble le 59ème anniversaire de la signature des accords de l'OUA, ancêtre de l’Union Africaine. Pour lancer le thème choisi, « Comment prévenir la migration forcée ? », en lien avec le flux migratoire causé par des événements traumatiques, une vidéo d’une vingtaine de minutes sur la migration a été visionnée. Les segments choisis de 4 émissions différentes ont choqué, interpellé et ouvert les cœurs à la thématique en présentant des statistiques, des informations sur l’espace Schengen, des images prenantes de la réalité de la migration d’Afrique en Europe et, pour finir, un message d’un Africain de la diaspora qui est retourné et investit dans sa terre natale.
Sur zoom et en direct de Genève, S.E. Léopold Ismaël Samba, ambassadeur plénipotentiaire et extraordinaire de la République Centrafrique auprès de la Suisse, de l’ONU et des Organisations internationales a ensuite présenté l’historique de la migration, ses causes et des solutions. Entre autres, il a mis l’accent sur une coopération plus active de la diaspora, douée de beaucoup de compétences et ressources utiles. Il l’a exhortée à créer des projets porteurs d’espoir pour la population sur place. Mme Aicha Bacha, Docteure en sciences politiques et sociales et Secrétaire générale du Mouvement mondial des femmes leaders panafricaines, a parlé en direct de la Belgique. Elle a mis l’accent sur l’importance de soutenir les femmes, restées trop longtemps cachées à la maison, à développer leurs compétences en matière de leadership et à agir de manière responsable en tant que gestionnaires de projets.
Le panel thématique était composé de 6 personnalités de la région (de droite à gauche):
Olga Madjinodji, Spécialiste en intégration, Mamadou Diop, ancien conseiller de Ville, Naïma Serroukh, juriste, fondatrice et présidente de Tasamouh, Luc N. Ramoni, pasteur de l’église réformée de Bienne, et élevé à Madagascar jusqu’à l’âge de 10 ans, Véronique Mbwebwe, juriste, qui avait parlé à l’ONU, lors de la Journée d’Afrique de 2014, et Armando Okito, enseignant, président du CAM.
Ils ont proposé des pistes à propos des 4 thèmes choisis pour prévenir la migration forcée :
- Éducation à la bonne gouvernance: Tant de gens fuient des familles, des sociétés et des pays pour s’éloigner de tyrans, de discriminations, de guerres d’intérêts. Il faut une éducation qui vise la responsabilisation des citoyens et l’égalité des chances entre toutes et tous, afin qu’ils se considèrent avec respect, partagent le pouvoir, surmontent la corruption et communiquent de manière non violente. Comme en Suisse, les citoyens doivent être encouragés à soutenir la bonne marche de la politique et de la société que ce soit aux différents niveaux gouvernementaux. De plus, il faut apprendre à former des gouvernements constitués de personnes compétentes, d’ethnies, de convictions et d’origines diverses, aptes à apporter des solutions acceptées par une population non homogène.
- Établissement d’entreprises durables: c’est un des points clés pour éviter les migrations forcées tant en procurant du travail et des revenus à la population qu’en prenant soin de conserver l’environnement pour les générations futures. Un exemple de partenariat a été cité de rassembler les fonds des personnes de la diaspora et de les investir à tour de rôle dans des projets qui servent les populations les plus défavorisées des différents pays, à tour de rôle.
- Valeurs universelles pour la paix: Une courte présentation des 5 principes universels d’UPF a permis de considérer le monde sous l’angle d’une famille humaine unie avec la source de la création, le Parent céleste, qui n’entraînerait aucune migration forcée. 1. La compréhension de notre origine commune nous incite à respecter et valoriser chacun comme membre de la même famille interdépendante. 2. Chaque être humain désire le bonheur et doit équilibrer la satisfaction de ses besoins physiques et de ses aspirations spirituelles. 3. Tout cela s’apprend dans une famille, cellulaire et communautaire, qui cultive l’amour filial, fraternel, et parental envers tous, et l’amour conjugal dans le couple. Ce genre de famille, première école de l’amour, représente la condition primordiale pour la paix à tous les niveaux. 4. C’est dans une communauté faite de telles familles que se développe peu à peu la capacité de pratiquer un véritable altruisme. 5. La coopération entre gens de différentes origines et convictions conduit à l’émergence d’une famille humaine harmonieuse, capable de coopérer pour une prospérité mutuelle, libre de discriminations. Différents points de vue ont été exprimés par les orateurs quant au rôle du Christianisme et de l’Islam dans l’enseignement et la mise en pratique des valeurs universelles, intrinsèques aux religions. En particulier, des politiques visant à amenuiser les inégalités et les injustices préviennent la migration forcée.
- Informations relatives aux difficultés de l’accueil: Dans la vidéo, on voit que même des personnes qui ont passé par l’enfer dans leur périple pour trouver le bonheur ailleurs, sans y parvenir, tenteraient encore leur chance. Il s’agit là aussi d’une migration forcée par un rêve plus fort que la peur de la mort, par l’espoir d’une vie meilleure ailleurs et d’une source de revenus pour les familles au pays. Ce rêve fait fi du mauvais accueil, du travail indigne, de la difficulté de rassembler des fonds à envoyer, avec des frais bancaires élevés, de la dépendance et des attentes des familles, des mensonges pour éviter la honte. Le travail dans le secteur de la migration représente un défi puisque des règles dictées par Schengen s’opposent au désir d’accueillir et de vivre ensemble. Or, en Suisse, la population a réussi à se fédérer pour éviter le rejet de plusieurs personnes. Le public a pu interagir avec les intervenants avant de passer à la présentation de projets.
M. Pascal Gemperli, a parlé de deux projets soutenus par le département des affaires étrangères : Médiation minière en Tunisie et au Maroc, dans lesquels il a contribué à surmonter des différends entre parties prenantes. Mme Yvonne Tossou, du Bénin, a parlé de son projet de production de jus de fruit et de fruits séchés qui permet à toute une population de vivre sur sa terre. M. Ousseynou DIOUME, a présenté un projet, non encore abouti par manque de fonds, de la Caravane médicale à travers la CEDEAO, qui donne à des bénévoles d’ici l’occasion de soigner les gens d’ailleurs.
Mme Elisabeth Loko Vignon de Genève a parlé de CATNA (Cercle d'Actions par les Thérapies Naturelles) consistant à faire un jardin botanique de plantes curatives reposant sur la sagesse ancestrale. Finalement, M. Koffi Owoussi, ingénieur agronome de Bienne a parlé de sa production de champignons comestibles au Togo, qui pare au manque de protéines et nourrit même les tout petits.
L’événement a pris fin peu après 20 h pour la vingtaine de participants sur Zoom tandis que les participants qui ont assisté en présentiel à la journée d’Afrique ont profité de partager leurs points de vue et de discuter de possibles coopérations tout en se désaltérant et goûtant à un apéritif varié et préparé avec soin.